Extrait du livre de François Lebrun, "Se soigner autrefois, Médecins saint et sorciers aux 17° et 18° siècles", chapitre "La médecine parallèle : empiriques, conjureurs saints guérisseurs", page 115.

"(…) Cette multiplicité de saints guérisseurs dont chacun a sa spécialité, la Vierge faisant office de généraliste, pose au malade ou à sa famille la question préalable de savoir à quel saint se vouer. Si l'on est dans le doute sur la nature du mal qui est en cause et par conséquent sur l'identité du médiateur à implorer, il reste la ressource de se faire " tirer les saints ", c'est-à-dire indiquer le saint correspondant à la maladie. Les folkloristes du siècle dernier ont relevé un peu partout l'existence de cette pratique et les diverses techniques utilisées. L'une des plus courantes consiste pour la tireuse de saints - car c'est le plus souvent une femme - à déposer successivement à la surface d'un baquet d'eau des morceaux d'étoffe en nommant chaque fois un saint thérapeute : le morceau qui coule le plus vite désigne le bon saint. Au 18° siècle, en Limousin, selon le témoignage d'un conseiller au présidial de Limoges, " quand la maladie se prolonge, on a recours à un saint ; et pour savoir celui qu'il faut invoquer, on met un brin de paille dans un verre plein d'eau, que l'on tourne ; la paille étant arrêtée, on regarde la direction de son petit bout ; cette direction indique la paroisse d'où bouge le mal ", en d'autres termes le lieu de pèlerinage adéquat. De telles pratiques relevant de la magie, blanche, sinon noire, ne peuvent que paraître suspectes aux yeux du clergé réformateur du 17° siècle. C'est ainsi qu'en mai 1669, une femme d'Oberhaslach, près de Molsheim, en Alsace, est traînée devant l'official de Strasbourg par son curé qui l'accuse de " pratique démoniaque ". Appelée au chevet d'un malade, elle tire les saints en mettant dans un verre une pièce de monnaie d'un demi-batzen ; elle prononce en même temps " certaines prières " (que le procès-verbal ne précise pas), puis nomme un à un tous les saints susceptibles d'être invoqués ; lorsque le nom de celui qui convient au malade est prononcé, la pièce sort d'elle-même du verre sans aucune intervention matérielle. A la redoutable accusation de sorcellerie, la tireuse de saints répond tranquillement qu' " aucun mortel ne la persuadera que cette action est illicite, car elle sait de Dieu ce secret ". L'official, sans doute embarrassé, la renvoie dans son village. (…)"

Remarque : Il ne nous appartient pas de juger de l'authenticité du fait mentionné ci-dessus (nous n'avons pas la vocation de détective ou d'historien), mais la science spirite démontre qu'il est tout à fait possible. Il s'agit d'un fait de médiumnité à diagnostic, faisant intervenir en parallèle un effet physique (le soulèvement de la pièce sans contact).