CHAPITRE III
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LE SOMNAMBULISME MAGNETIQUE.

Le Cours de Magnétisme du baron du Potet contient des documents en assez grand nombre, pour nous persuader que le somnambulisme artificiel, c'est-à-dire provoqué par le magnétisme, est une vérité. Nous y avons joint d'autres récits empruntés aux autorités de la science magnétique, Charpignon et Lafontaine, mais toujours avec l'appui de procès-verbaux signés par les médecins les plus connus ; les faits qui suivent ont donc tous les caractères de l'authenticité.

Le somnambulisme magnétique est caractérisé, le plus souvent, par une insensibilité entière de la peau ; on peut impunément piquer le dormeur, le pincer, lui faire des brûlures : il ne se réveille pas et ne donne aucun signe de souffrance.

L'ammoniaque concentré, porté par la respiration dans les voies aériennes, ne détermine pas le moindre changement, et ce qui, dans l'état habituel, pourrait donner la mort, reste sans effet dans cette espèce de somnambulisme. Si la sensibilité est éteinte, l'ouïe ne semble pas moins dépourvue d'action. Nul bruit ne peut se faire entendre, la voix, la chute ou l'agitation des corps sonores ne communiquent aucun son aux nerfs acoustiques ; ils semblent être complètement paralysés ; des coups de pistolet tirés à l'orifice du conduit auditif, tout en meurtrissant les chairs, laissent croire encore à la privation de ce sens.

Mais cet état n'existe que pour tout ce qui n'est pas le magnétiseur, car ce dernier peut faire entendre jusqu'aux plus faibles modulations de sa voix, sa parole se fait comprendre à des distances où toute autre n'entendrait rien et ne pourrait même voir le mouvement des lèvres.

De nombreuses expériences furent faites par du Potet en 1820, à l'hôtel-Dieu de Paris. Il en rend compte de la manière suivante :

«Vous savez (il parle à ses élèves) que le somnambulisme s'offrit à notre observation et qu'un grand nombre de médecins incrédules, attirés par la nouveauté du spectacle, en furent témoins, et demandèrent à s'assurer par eux-mêmes de la vérité de ce que je leur avançais. Je les laissai faire tant qu'ils voulurent, car pour des phénomènes extraordinaires on ne doit croire que le témoignage de ses sens. La présence de beaucoup de monde n'empêcha pas la production du somnambulisme, et, une fois cet état produit, les assistants mirent tout en usage pour constater la non-sensibilité des magnétisés. On commença par leur passer des barbes de plume très légères sur les lèvres et sur les ailes du nez ; puis on leur pinça la peau, de telle manière que des ecchymoses en étaient les suites ; puis on introduisit de la fumée dans les fosses nasales ; on mit les pieds d'une somnambule dans un bain de moutarde fortement sinapisé et dont l'eau était à un très haut degré de chaleur.

«Aucun de ces moyens ne détermina le plus léger changement, pas la plus légère marque de souffrance ; le pouls interrogé n'offrait aucune altération. Mais au moment du réveil, toutes les douleurs qui devaient être la suite de ces expériences furent vivement senties et les malades s'indignèrent du traitement qu'on leur avait fait subir.»

Il ne faut pas oublier que toutes ces expériences furent exécutées, non par du Potet, mais par des incrédules, il en produit les témoignages écrits. Voici entre beaucoup d'autres un procès-verbal signé du docteur Roboam :

«Je soussigné, certifie que, le 8 janvier 1821, à la prière de M. Récamier, j'ai mis dans le sommeil magnétique la nommée Le Roy (Lise), couchée au n° 22 de la salle Sainte-Agnès ; il l'avait auparavant menacée de l'application d'un moxa, si elle se laissait endormir.

«Contre la volonté du malade, moi, Roboam, je l'ai fait passer dans le sommeil magnétique, pendant lequel M. Gilbert a brûlé de l'agaric à l'ouverture des fosses nasales et cette fumée désagréable n'a rien produit de remarquable ; qu'ensuite M. Récamier a appliqué lui-même, sur la région épigastrique, un moxa, qui a produit une escarre de 15 lignes de longueur sur 9 lignes de largeur, que pendant son application la malade n'a pas témoigné la plus légère douleur, soit par cris, mouvements, ou variations du pouls ; qu'elle est restée dans un état d'insensibilité parfaite ; que, sortie du sommeil, elle a témoigné beaucoup de douleur.»

Etaient présents à cette séance, MM. GILBERT, CREQUI, etc.
Signé : ROBOAM, docteur médecin
1.

Si nous nous sommes étendu sur ce témoignage, c'est pour bien faire voir que le magnétisme est une force et le somnambulisme une vérité, en dépit de tous les corps savants qui ont voulu étouffer cette découverte.

Voici encore une dernière preuve de l'insensibilité des somnambules.

Quelques chirurgiens de l'hôtel-Dieu ayant changé d'hôpital, un d'entre eux, M. Margue, fut placé dans le vaste hospice de la Salpêtrière. Dans sa nouvelle résidence, il s'occupa de magnétisme, et bientôt encore le somnambulisme se manifesta, non sur un seul malade, mais sur plusieurs. Esquirol, dont nous avons déjà parlé, ne s'opposa pas à ces études, il souffrit même qu'elles devinssent publiques ; la foule des curieux était grande et les incrédules nombreux.

On renouvela sur ces pauvres femmes les expériences de l'Hôtel-Dieu ; ensuite, croyant sans doute que, jusqu'à un certain point, on pouvait supporter la douleur sans la manifester, que la brûlure la plus forte pouvait être endurée sans aucun signe extérieur de souffrance, on ne crut mieux faire que de leur présenter de l'ammoniaque concentré à respirer. A cet effet, on se procure à la pharmacie de l'hôpital un vase qui en contenait quatre onces, et on le plaça plusieurs minutes de suite sous le nez de chaque somnambule, en s'assurant toutefois que l'inspiration portait bien dans la poitrine le gaz délétère qui s'échappait du bocal. On répéta plusieurs fois cette opération, et jamais les observateurs ne purent surprendre l'ombre d'une manifestation de gêne ou de malaise. Détail piquant : un docteur, sans doute plus incrédule que les autres, voulut s'assurer par lui-même que le vase contenait bien de l'ammoniaque, et, s'étant approché pour le sentir, faillit payer de sa vie cette imprudente curiosité.

Ces phénomènes prouvent donc que le somnambulisme est un état particulier du système nerveux, qui présente de grandes analogies avec la paralysie sensitive produite par les anesthésiques, tels que le chloroforme ou l'éther. Nous verrons plus loin combien cette assimilation est complète.

Les faits que nous venons de décrire ont été examinés avec une scrupuleuse attention et affirmés par des témoins honorables, tels que : MM. Husson, Bricheteau, Delens, et une foule d'autres médecins. Les procès-verbaux rédigés sur place ont été déposés chez M. Dubois, notaire à Paris, le double en a été inséré dans une brochure qui a reçu une immense publicité, et jamais un démenti n'est venu en contester la véracité.

Déterminons maintenant d'autres caractères du somnambulisme magnétique. Le somnambule sent avec plus de précision qu'à l'état normal quelle est la partie de son corps qui est affectée ; il la voit et souvent indique le remède convenable pour sa guérison.

A un degré plus élevé, il embrasse d'un coup d'oeil toute son anatomie, et son pouvoir s'étend jusqu'à lire dans la pensée de ceux que l'on met en rapport avec lui. Un des signes caractéristiques du sommeil somnambulique, c'est l'oubli, au réveil, de tout ce qui vient de se passer.

Arrivons enfin à ce que l'on a appelé la transposition des sens, c'est-à-dire la faculté que possèdent certains somnambules de voir sans l'intervention des yeux, de sentir sans l'organe de l'olfaction et d'entendre sans que l'oreille y soit pour rien. Si nous insistons pareillement sur ces étranges facultés, c'est qu'il n'est pas possible d'en donner une explication rationnelle si l'on s'obstine à ne pas reconnaître l'existence de l'âme, d'une puissance qui se manifeste en dehors des conditions de la vie habituelle. Les exemples qui suivent établissent péremptoirement la double vue.

Deleuze, bibliothécaire et professeur d'histoire naturelle au Jardin des Plantes, dans un mémoire sur la clairvoyance des somnambules, rapporte cette anecdote :

La jeune malade m'avait lu fort couramment sept ou huit lignes, quoique ses yeux fussent masqués de manière à ne pouvoir s'en servir. Ensuite elle avait été obligée de s'arrêter, étant, disait-elle, trop fatiguée. Quelques jours après, voulant convaincre des incrédules, Deleuze présenta à la jeune fille une boîte en carton, fermée, dans laquelle étaient écrits ces mots : amitié, santé, bonheur. Elle tint longtemps la boîte dans sa main, éprouva beaucoup de fatigue, et dit que le premier mot était amitié, mais qu'elle ne pouvait lire les autres ; pressée de faire de nouveaux efforts, elle y consentit et dit en rendant la boîte : Je ne vois pas assez clair, je crois cependant que ces deux mots sont : bonté, douceur. Elle se trompait sur ces deux derniers termes ; mais, comme on le voit, ils avaient la plus grande ressemblance avec ceux qui étaient inscrits, et une pareille coïncidence ne peut être attribuée au hasard.

Nous choisissons ce fait parmi bien d'autres, pour montrer que la faculté somnambulique peut, chez la même personne, présenter des degrés divers allant depuis la vue incomplète jusqu'à la vue parfaite. Dans le récit suivant la lucidité est entière ; laissons la parole à M. Rostan qui a écrit l'article : magnétisme, dans le dictionnaire des sciences médicales.

«Mais si la vue est abolie dans son sens naturel, il est tout à fait démontré pour moi qu'elle existe dans plusieurs parties du corps. Voici une expérience que j'ai fréquemment répétée ; cette expérience a été faite en présence de M. Ferrus. Je pris ma montre que je plaçai à trois ou quatre pouces derrière l'occiput, je demandai à la somnambule si elle voyait quelque chose ; certainement je vois quelque chose qui brille, ça me fait mal. Sa physionomie exprimait la douleur, la nôtre devait exprimer l'étonnement, nous nous regardâmes et M. Ferrus, rompant le silence, me dit que puisqu'elle voyait quelque chose briller, elle dirait sans doute ce que c'était.

- Qu'est-ce que vous voyez ? - Oh ! je ne sais, je ne puis vous le dire. - Regardez bien. - Attendez... ça me fatigue... attendez : c'est une montre.

Nouveau sujet de surprise. Mais si elle sait que c'est une montre, dit encore M. Ferrus, elle verra sans doute l'heure qu'il est ?

- Oh ! non, c'est trop difficile.

- Faites attention, cherchez bien.

- Attendez... je vais tâcher, je dirai peut-être bien l'heure, mais je ne pourrai voir les minutes.

«Il est huit heures moins dix minutes. Ce qui était exact. M. Ferrus voulut répéter l'expérience lui-même et elle se reproduisit avec le même succès. Il me fit tourner plusieurs fois les aiguilles de sa montre, nous la lui présentâmes, sans l'avoir regardée, elle ne se trompa point.»

Voici une épreuve concluante et qui, de plus, présente une circonstance particulière que l'on doit étudier. Tout d'abord le phénomène de vision sans les yeux est bien établi. Or, nous avons démontré que la théorie du docteur Debay - c'est-à-dire celle des ramifications nerveuses, reçue par tous les incrédules - est inadmissible ; il ne reste, pour comprendre ce qui se passe, qu'à reconnaître que c'est l'âme qui, momentanément, se dégage et perçoit d'une autre manière que dans la vie courante.

Nous avons déjà deux preuves de clairvoyance, mais à une petite distance, car, d'après Deleuze, la jeune fille tenait la boîte dans ses mains et M. Rostan dit qu'il plaça la montre à trois ou quatre pouces derrière l'occiput ; on peut constater la vue au loin dans d'autres conditions.

C'est encore à un docteur que nous emprunterons ce fait qui s'est passé en Savoie. La somnambule, fille d'un riche négociant de Grenoble, ne pouvant être suspectée de jouer la comédie, ce récit a une grande valeur.

Parmi les différentes phases que présenta cette maladie que le docteur Despines, médecin en chef de l'établissement d'Aix, a décrites avec beaucoup de détails, il insiste particulièrement sur celle du somnambulisme.

Nous transcrivons littéralement :

«Non seulement notre malade entendait par la paume de la main, mais nous l'avons vu lire sans le secours des yeux, avec la seule extrémité des doigts, qu'elle agitait avec rapidité au-dessus de la page qu'elle voulait lire et, sans la toucher, comme pour multiplier les surfaces sentantes, lire, dis-je, une page entière d'un roman à la mode.

«Nous l'avons vue d'autres fois choisir sur un paquet de plus de trente lettres une d'entre elles qu'on lui avait indiquée ; lire sur le cadran, et de l'autre côté du verre, l'heure qu'indiquait une montre, écrire plusieurs lettres, corriger en la relisant les fautes qui lui étaient échappées, recopier une lettre mot par mot. Pendant toutes les opérations un écran de carton épais interceptait de la manière la plus étroite tout rayon visuel qui aurait pu se rendre aux yeux.

Les mêmes phénomènes avaient lieu à la plante des pieds et sur l'épigastre.»

Ici la vision présente la plus grande intensité, lecture de pages entières, rédaction de lettres, etc., et cela sous la plus minutieuse surveillance, les yeux fermés et un carton interposé entre le papier et la somnambule.

Le double vue va maintenant s'affirmer dans toute sa splendeur.

Le docteur Charpignon, d'Orléans, raconte ce qui suit :

«Un soir, nous avions chez nous deux somnambules et dans une maison voisine se donnait un bal. A peine l'orchestre eut-il préludé que l'un des deux s'agita, puis entendit le son des instruments. Nous avons déjà dit que certains somnambules isolés étaient sensibles à la musique. Bientôt la seconde somnambule entendit aussi et elles comprirent que c'était le bal.

«Voulez-vous le voir ? leur dis-je.

«Certainement...

«Et sur-le-champ, voilà les deux jeunes filles riant et causant sur les poses des danseurs et les costumes des danseuses.

«Voyez donc ces demoiselles avec leurs robes bleues, comme elles dansent drôlement, et leur père qui balance avec la mariée... Ah ! que cette dame est sans gêne ; elle se plaint que son verre d'eau n'est pas assez sucré et elle demande du sucre... Oh ! Et ce petit bonhomme, quel singulier habit rouge... De notre vie nous n'avions vu spectacle plus agréable et plus curieux.

«Deux personnes présentes, doutant qu'il y eût vision réelle, se rendirent à la salle du bal et furent stupéfaites en voyant les demoiselles à robes bleues, le petit homme à l'habit rouge et le danseur de la mariée que les jeunes filles avaient nommé.»

«Une autre fois, continue M. Charpignon, un de nos sujets désira, dans un de ses somnambulismes, aller voir sa soeur qui était à Blois. Elle connaissait la route et la suivit mentalement.

- Tiens ! s'écria-t-elle, où va donc M. Jouanneau ?

- Où êtes-vous donc ?

- Je suis à Meung, vers les mauves, et je rencontre M. Jouanneau tout endimanché, qui va sans doute dîner dans quelque château.

«Puis elle continua son voyage. Or celui qui s'était offert spontanément à la vue de la somnambule était un habitant de Meung, connu des personnes présentes, et on lui écrivit tout de suite pour savoir s'il était vraiment en promenade dans l'endroit désigné, à l'heure indiquée. La réponse confirma minutieusement ce qu'avait dit Mlle Céline.»

Que de réflexions ! que d'études psychologiques dans ce fait si fortuitement produit ! La vision de cette somnambule n'avait pas bondi, comme cela s'observe si souvent, à l'endroit désiré ; elle avait parcouru tout le chemin d'Orléans à Blois, elle avait remarqué dans ce rapide voyage tout ce qui pouvait solliciter son attention.

Ce n'est plus seulement la clairvoyance à courte distance, c'est la vue réelle avec les yeux fermés s'exerçant pendant la durée d'un voyage. Il faut dire adieu à toutes les ramifications possibles, car le corps de la jeune fille étant resté à Orléans, il faut qu'une partie d'elle-même se soit déplacée pour voir ce qui se passait sur la route de Mauve. N'en déplaise aux matérialistes, ce ne peut être que l'âme.

Il reste, il est vrai, la ressource de nier les faits, c'est plus commode que de raisonner ; mais à qui fera-t-on croire que des docteurs comme Rostan, Deleuze, Despines et Charpignon, opérant loin les uns des autres, sur des sujets différents, en prenant toutes les précautions possibles, ont pu être bafoués par des petites filles ! La bonne foi de ces messieurs est au-dessus de tout soupçon, car ils n'avaient d'autre but en publiant leurs recherches que d'affirmer la vérité. A cette époque surtout, alors que tout ce qui touchait au magnétisme était conspué par la foule ignorante et les académies sceptiques, c'était un grand acte de courage que de s'affirmer hautement.

Pour les spiritualistes, les faits que nous avons rapportés peuvent sembler anormaux, mais non inexplicables, étant donné que l'âme, cette partie immatérielle de l'homme, peut, dans certaines circonstances, se détacher du corps et se transporter à distance. Mais pour les matérialistes qui ne se contentent pas de hausser les épaules à ces récits, il est indispensable de trouver une explication, bonne ou mauvaise, afin de ne pas rester cois. Nous connaissons déjà la théorie des plexus nerveux et de leurs ramifications ; en voici une autre que l'on trouve communément dans les livres qui traitent du mesmérisme, au point de vue matériel.

Les magnétiseurs prétendent que le fluide nerveux qui parcourt les nerfs ne s'arrête pas toujours à la périphérie de la peau, qu'il s'élance quelquefois au-dehors, sous l'influence de la volonté, et forme ainsi une véritable atmosphère nerveuse autour du sujet, une sphère d'activité semblable à celle des corps électrisés.

Jusqu'alors rien que de rationnel, car cette doctrine a été admise par le célèbre physiologiste de Humboldt ; elle peut expliquer les faits de magnétisme pur, tel que l'action du magnétiseur sur son sujet, et rendre compte de l'effet curatif de l'agent magnétique. On peut supposer, en effet, que l'opérateur émet assez de fluide nerveux pour en saturer son patient, de manière à faire récupérer à ce dernier les forces qu'il a perdues. Mais pour le somnambulisme, et particulièrement pour la double vue, l'explication est insuffisante. Voici ce que l'on a alors imaginé. Citons textuellement, car cela en vaut la peine.

«On sait que le monde ne finit pas où s'arrêtent nos yeux ; une immensité de choses échappent à nos sens, parce que nos sens ne sont pas assez développés, assez subtils, pour les saisir. Il résulte de notre imperfection sensorielle et intellectuelle que l'impossibilité n'est pas où nous croyons la voir et qu'elle se trouve, au contraire, bien au-delà du point où nous la plaçons.

«Voici, par exemple, une carapace de tortue ; je l'interpose entre vos yeux et un livre ouvert : aussitôt vous cessez de pouvoir lire ; parce que les rayons lumineux partant du livre pour aller se refléter sur votre rétine sont interceptés par un obstacle.

«Maintenant admettons, d'une part, que la lumière pénètre tous les corps à des degrés divers ; supposons, d'autre part, que cette épaisse écaille soit divisée en cent lamelles extrêmement minces, chaque lamelle isolée sera nécessairement diaphane, et l'on pourra voir à travers. C'est précisément ce qui se passe chez le somnambule ; les nerfs optiques ont acquis un si haut degré de force visuelle que les corps les plus épais, les plus opaques, passent à l'état de transparence, de diaphanéité complète. Dès lors, il est facile aux rayons objectifs de traverser ces corps et, pénétrant les paupières fermées de la somnambule, d'aller se peindre sur la rétine qu'ils représentent.»

Voilà pourquoi votre fille est muette !

Nous ferons, en premier lieu, observer que la lumière ne traverse pas tous les corps. C'est donc une hypothèse fausse ; ensuite si on suppose que l'écaille de la tortue est divisée en cent lamelles et que, séparément, chacune d'elles peut être traversée par la lumière, il n'en est pas moins vrai que, réunies, elles offrent une barrière infranchissable aux regards ordinaires et, à plus forte raison, à ceux d'une somnambule endormie.

Les nerfs optiques ont beau acquérir une force aussi puissante que l'on voudra le supposer, cette énergie visuelle ne s'exerce toujours que lorsque les rayons réfléchis par les objets peuvent se peindre sur la rétine ; or le somnambule a les yeux fermés, donc il ne peut rien voir par leur secours.

Herschell raconte qu'il a connu un homme qui distinguait à l'oeil nu les satellites de Jupiter ; certes, cet individu avait une faculté visuelle peu ordinaire, mais nous sommes bien certain que lorsqu'il fermait les yeux, il n'apercevait plus rien. Or, si actifs que puissent être rendus les nerfs optiques, ils ne peuvent servir d'explication au phénomène quand les paupières sont closes.

Et, dans la citation précédente, que signifie la dernière phrase ? Comment des rayons peuvent-ils se peindre sur la rétine qu'ils représentent ? Cela ne veut absolument rien dire.

De tout ceci il faut conclure que, plus on étudie les états particuliers du corps humain, plus l'existence de l'âme apparaît comme une vérité éclatante, car lorsqu'on veut la nier, on est réduit aux conceptions les plus ridicules pour expliquer les phénomènes de la pensée et du magnétisme, aussi bien naturel que provoqué, Il ne faut pas se dissimuler que des faits aussi caractérisés que ceux que nous avons racontés soient peu communs dans la vie ordinaire ; mais tous ceux qui se sont occupés de magnétisme, d'une manière un peu suivie, ont été à même de les constater. Les livres, les journaux, les revues qui traitent de la question abondent en observations semblables, et il faut être ignorant ou de mauvaise foi pour les récuser aujourd'hui.

Arrivons maintenant au rapport de M. Husson sur les expériences magnétiques faites par la commission de l'Académie de médecine pendant TROIS ANNEES et lu dans les séances des 21 et 28 juin 1831. Nous y découvrirons un troisième caractère du somnambulisme : la prévision de l'avenir.

«La commission se réunit dans le cabinet de M. Bourdois, le 6 octobre, à midi, heure à laquelle M. Cazot y arriva. M Foissac, le magnétiseur, avait été invité à s'y rendre à midi 1/2 ; il resta dans le salon à l'insu de Cazot, sans aucune communication avec nous. On alla cependant lui dire, par une porte dérobée, que Cazot était assis sur un canapé éloigné de dix pieds d'une porte fermée et que la commission désirait qu'il l'endormît et l'éveillât à cette distance, lui restant dans le salon et Cazot dans le cabinet.

«A midi 37 minutes, pendant que Cazot est occupé de la conversation à laquelle nous nous livrons, ou qu'il examine les tableaux qui ornent le cabinet, M. Foissac, placé dans la pièce voisine, commence à le magnétiser ; nous remarquons qu'au bout de quatre minutes Cazot clignote légèrement des yeux, qu'il a un air inquiet, enfin qu'il s'endort en neuf minutes. M. Guersent, qui lui avait donné des soins à l'hôpital des enfants pour ses attaque d'épilepsie, lui demande s'il le reconnaît. Réponse affirmative. M. Itard lui demande quand il aura un accès ; il répond que ce sera d'aujourd'hui en quatre semaines le 3 novembre, 4 h. 5 minutes du soir.

«On lui demande ensuite quand il en aura un autre. Il répond, après s'être recueilli et avoir hésité un instant, que ce sera cinq semaines après celui qu'il vient d'indiquer, le 9 décembre, à 9 h. 1/2 du matin. Le procès-verbal de cette séance ayant été lu en présence de M. Foissac, pour qu'il le signât avec nous, nous avions voulu l'induire en erreur et en lui lisant avant de le faire signer aux membres de la commission, le rapporteur lut que le premier accès de Cazot aurait lieu le dimanche 4 novembre, tandis que le malade avait fixé le samedi 3. Il le trompa également sur le second, et M. Foissac prit note de ces fausses indications comme si elles étaient exactes. Mais ayant quelques jours après mis Cazot en somnambulisme, ainsi qu'il avait coutume de le faire pour dissiper ses maux de tête, il apprit, de lui, que c'était le 3 et non le 4 que devait avoir lieu son accès. Il en avertit M. Itard le 1° novembre, croyant qu'il y avait eu erreur dans le procès-verbal, dont cependant M. Itard soutint la prétendue véracité.

«La commission prit de nouveau toutes les précautions convenables pour observer l'accès du 3 novembre ; elle se rendit à 4 heures du soir chez M. Georges2 ; elle apprit de lui, de sa femme et de l'un de ses ouvriers que Cazot avait travaillé toute la matinée jusqu'à 2 heures et qu'en dînant il avait ressenti du mal de tête ; que cependant il était redescendu pour reprendre son travail, mais que le mal de tête augmentant, et qu'ayant eu un étourdissement, il était monté chez lui, et s'était couché et endormi.

«MM. Bourdois, Fouquier et le rapporteur montèrent, précédés de M. Georges, vers la chambre de Cazot. M. Georges y entra seul et le trouva profondément endormi, ce qu'il nous fit remarquer par la porte qui était entrouverte sur l'escalier. M. Georges lui parla haut, le remua, le secoua par les bras, sans pouvoir le réveiller, et à 4 h. 6 minutes, au milieu des tentatives faites par M. Georges pour le réveiller, Cazot fut saisi des principaux symptômes qui caractérisent un accès d'épilepsie et semblables en tout à ceux que nous avions observés précédemment sur lui.

«Le second accès, annoncé pour le 9 décembre, c'est-à-dire deux mois d'avance, eut lieu à 9 h. 1/2 et fut caractérisé par les mêmes phénomènes précurseurs et par les mêmes symptômes que ceux des 7 septembre, 1° octobre et 3 novembre.

«Enfin, le 11 février, Cazot fixa l'époque d'un nouvel accès au 22 avril suivant à midi cinq minutes, et cette annonce se vérifia comme les précédentes à cinq minutes près. Cet accès, remarquable par la violence, par l'espèce de fureur avec laquelle Cazot se mordit la main et l'avant-bras, par les secousses brusques qui le soulevaient, durait depuis trente-cinq minutes lorsque M. Foissac, qui était présent, le magnétisa. Bientôt l'état convulsif cessa pour faire place à l'état de somnambulisme magnétique, pendant lequel Cazot se leva, se mit sur une chaise et dit qu'il était très fatigué ; qu'il aurait encore deux accès, l'un du lendemain en neuf semaines, à 6 h. 3 minutes (25 juin). Il ne veut pas penser au deuxième accès, parce qu'il faut songer à ce qui arrivera auparavant, et il ajoute qu'environ trois semaines après l'accès du 25 juin il deviendra fou, que sa folie durera trois jours, durant lesquels il sera si méchant qu'il se battra avec tout le monde, qu'il maltraitera même sa femme et son enfant ; qu'on ne devra jamais le laisser avec eux, et qu'il ne sait pas s'il ne tuera pas une personne qu'il ne désigne pas. Il faudra alors le saigner de suite des deux pieds. Enfin, ajoute-t-il, je serai guéri pour le mois d'août, et une fois guéri, la maladie ne me reprendra plus, quelles que soient les circonstances qui arrivent.

«C'est le 22 avril que toutes ces précautions nous sont annoncées, et deux jours après, le 24, Cazot voulant arrêter un cheval fougueux qui avait pris le mors aux dents, fut précipité contre la roue du cabriolet qui lui fracassa l'arcade orbitaire gauche et le meurtrit horriblement. Transporté à l'hôpital, il y mourut le 15 mai.

«Nous voyons dans cette observation un homme sujet depuis dix ans à des attaques d'épilepsie. Le magnétisme agit sur lui, quoiqu'il ignore absolument ce qu'on lui fait. Il devient somnambule, les symptômes de sa maladie s'améliorent, les accès diminuent de fréquence ; les maux de tête et son oppression disparaissent sous l'influence du magnétisme ; il se prescrit un traitement approprié à la nature de son mal dont il se promet la guérison. Magnétisé à son insu et de loin, il tombe en somnambulisme et en est retiré avec la même promptitude que lorsqu'il est magnétisé de près. Enfin il indique avec une rare précision, un mois ou deux d'avance, le jour et l'heure où il doit avoir un accès d'épilepsie. Cependant doué de prévision pour des accès éloignés, bien plus, pour des accès qui ne doivent jamais avoir lieu, il ne prévoit pas que deux jours plus tard il sera frappé d'un accident mortel.

«Sans chercher à concilier ce qu'une pareille observation peut avoir de contradictoire au premier coup d'oeil, la commission vous fera remarquer que les prévisions de Cazot ne sont relatives qu'à ses accès, qu'elles se réduisent à la conscience des modifications organiques qui se préparent, et arrivent en lui, comme le résultat nécessaire des fonctions intérieures ; que ces prévisions, quoique plus étendues, sont tout à fait semblable à celles de certains épileptiques, qui reconnaissent à certains symptômes précurseurs qu'ils auront bientôt un accès. Serait-il étonnant que les somnambules dont, comme vous l'avez vu, les sensations sont entièrement vives, pussent prévoir leurs accès longtemps d'avance, d'après quelques symptômes ou impressions intérieurs qui échappent à l'homme éveillé ? C'est de cette manière que l'on pourrait entendre la prévision attestée par Arétée, dans deux endroits de ses immortels ouvrages, par Sauvage, qui en rapporte un exemple, et par Cabanis.

«Ajoutons que la prévision de Cazot n'est pas rigoureuse, absolue, qu'elle est conditionnelle, puisqu'en prédisant un accès il annonce qu'il n'aura pas lieu si on le magnétise, et qu'effectivement il n'a pas lieu ; elle est tout organique, tout intérieure. Aussi nous concevons pourquoi il n'a pas prédit un accident tout extérieur : savoir que le hasard lui ferait rencontrer un cheval fougueux, qu'il aurait l'imprudence de vouloir l'arrêter, et qu'il recevrait une blessure mortelle.

«Il a donc pu prévoir un accès qui ne devait jamais arriver, c'est l'aiguille d'une montre qui doit parcourir dans un temps donné une certaine portion du cercle d'un cadran, et qui ne le décrit pas parce que la montre vient à être brisée.»

Le docteur Husson définit parfaitement le rôle du somnambule dans la prévision. C'est celui d'un spectateur qui examine le jeu des organes d'une machine et qui s'aperçoit qu'à un moment donné, il se produira un accident. Dans cet exemple l'âme s'affirme indépendante du corps, puisqu'elle juge, calcule, raisonne et indique exactement les crises qui ne doivent se produire que dans un temps très éloigné.

Il faut convenir que le préjugé est profondément ancré dans le coeur humain, puisque depuis un siècle que ces faits se produisent au grand jour, non pas isolément, mais dans l'Europe entière, il se trouve des savants assez peu soucieux de leur dignité pour ridiculiser ces pratiques et les traiter de simples impostures charlatanesques. Les témoignages que nous avons relatés ont cependant autant de positivité que n'importe quel phénomène physique ou chimique. Des savants de premier ordre, une commission de l'Académie, ont proclamé la vérité et le caractère scientifique de ces études ; c'est pourquoi nous sommes en droit d'affirmer que nous avons en main la preuve expérimentale de l'existence de l'âme.

Lorsque l'on voit un homme et une femme en somnambulisme, c'est-à-dire dans un état tel que les plus violentes actions physiques sont impuissantes à lui produire la moindre impression, que l'on constate que cet être, que l'on croirait mort, voit, entend le magnétiseur, désigne les objets placés derrière lui, indique ce qui se passe, non seulement dans la maison, mais à une grande distance, comment douter qu'il réside en lui un agent qui n'obéit pas aux lois de la matière, comment se refuser à l'évidence ?

Cet individu chez lequel les organes sensoriels sont inactifs, a une perception plus vive, plus nette qu'à l'état ordinaire, il prévoit les accidents qui surviendront au cours de sa maladie, enfin il donne tous les signes d'une activité intellectuelle plus intense, plus pénétrante que celle des assistants. En toute franchise, devant cet ensemble si écrasant de preuves, nous disons qu'il est impossible de nier l'âme.

Le magnétisme n'a pas seulement à lutter contre les matérialistes, il a parfois maille à partir avec les incrédules, même spiritualistes.

M. Bersot, qui a écrit un très intéressant volume sur le magnétisme, passe en revue les phénomènes naturels qui présentent des analogies avec le mesmérisme et le spiritisme ; nous les retrouverons dans un autre chapitre pour ce qui a trait à ce dernier ordre d'idées ; ne nous occupons actuellement que du somnambulisme. Il prétend expliquer tous les faits merveilleux que nous avons constatés. Voici comment il s'y prend.

Tout d'abord, il ne nie pas le sommeil somnambulique :

«Dans le magnétisme animal, ce qui paraît incontestable, dit-il, c'est le sommeil, l'insensibilité et l'obéissance au magnétiseur. Ne parlons pas de l'insensibilité qui est un fait commun, le sommeil est artificiel, il n'en est pas moins réel ; il n'y a à discuter que l'artifice.»

Fort bien ! mais si l'insensibilité est si bien constatée, si commune, pourquoi dites-vous un peu plus loin à propos des gestes que le somnambule reproduit :

«Est-il certain que les sens dans cet état extraordinaire, ne sont pas assez excités pour percevoir ce qui autrement leur serait insensible, que l'ouïe ne saisit pas le mouvement indiqué et sa direction, que le tact ne juge pas par l'impression de la chaleur émanant d'un corps qui s'approche ou s'éloigne ? En expliquant les choses ainsi, on se passerait, il est vrai, de mystère ; mais je suis, je le confesse, un de ceux qui se contentent des mystères qui sont déjà dans le monde et qui n'y en mettent pas d'autres à plaisir.»

En supprimant par des explications aussi logiques les cas embarrassants, il est difficile que M. Bersot trouve des mystères. Il admet comme chose si banale qu'il ne veut pas s'en occuper l'insensibilité, et deux pages plus loin il risque une petite théorie qui se base, au contraire, sur une sensibilité beaucoup plus grande qu'à l'état ordinaire. Pour un critique, ce n'est pas fort.

M. Bersot prétend aussi qu'il lui en coûte beaucoup pour refuser aux somnambules la prévision de l'avenir ; nous l'engageons vivement à relire le rapport de M. Husson, cela le soulagera d'un grand poids.

Enfin il écrit qu'il ne croit pas à la vue au travers des corps ; c'est un malheur, mais nous n'y pouvons rien, et entre son incrédulité et l'affirmation des hommes de science cités déjà, nous ne balançons pas : nous les croyons plus aptes à décider que M. Bersot.

L'auteur avoue qu'il n'a aucune répugnance à admettre la communication d'esprit à esprit, mais qu'il ne peut croire qu'elle se produise entre somnambule et magnétiseur, car, dit-il, lorsque l'âme est dans le corps, elle ne peut se communiquer qu'à de certaines conditions physiques qu'on ne rejette pas à volonté.

Cela est certain. Si nous voulions, à l'état normal, lire la pensée d'autrui, cette opération offrirait quelque difficulté, malgré que M. Cumberland ait donné cette année des preuves que cela n'était pas impraticable ; mais, dans l'espèce, le somnambule est dans un état spécial, son âme est dégagée, autrement dit elle est moins attachée à son corps, ce qui lui permet de rayonner à distance, d'être clairvoyante.

Voilà donc à quoi se réduisent les objections ; c'est tout ce que les critiques les plus accrédités trouvent comme EXPLICATION des faits du somnambulisme. Il faut avouer que leurs lecteurs ne sont pas difficiles à satisfaire, si on les contente avec d'aussi maigres raisonnements. Cependant le fait est ou il n'est pas. S'il existe, donnez-vous la peine de le vérifier soigneusement et apportez-nous des arguments plausibles, au lieu de vos dénégations qui ne reposent sur rien ; s'il n'est pas, c'est inutile alors de discuter.

Veut-on avoir un autre exemple de la désinvolture avec laquelle M. Bersot explique les faits merveilleux, écoutez :

«Le don de parler des langues inconnues, qui se rencontre si souvent chez les trembleurs des Cévennes et que nous avons retrouvé dans certaines maladies convulsives, suggère une réflexion. Si ce sont des langues qui existent quelque part, mais que le malade n'avait auparavant jamais lues ou entendues prononcer, on nous permettra de nier tout simplement le fait et même de ne pas donner de raison.»

C'est plus aisé que de faire comprendre comment le phénomène peut se produire, et nous doutons fort que M. Bersot convainque beaucoup de monde par l'éloquence persuasive qu'il déploie, c'est un aveu d'impuissance qu'il est bon d'enregistrer. Mais si la négation pure a son charme, elle n'égale pas en gaieté l'explication relative au cas où le malade parle une langue dont il a entendu quelques mots par hasard, comme le latin, qui a plus ou moins passé sous les yeux de tout le monde. Ce prodige est dû tout bonnement à une excitation de la mémoire et de l'intelligence.

Par exemple, si un quidam, pendant sa crise, parle purement le latin, c'est tout simplement parce qu'il aura entendu le curé de son village ou le médecin de son pays prononcer quelques mots dans cette langue. Il emploiera dans son discours les règles grammaticales qu'il n'aura jamais apprises, des mots qui n'auront jamais frappé son oreille, mais c'est égal, tout cela est déterminé par une surexcitation de la mémoire et de l'intelligence.

Franchement il est difficile de se moquer du monde avec plus d'aplomb. On croit rêver en lisant de semblables choses, et les spirites, que l'on a traités de fous et d'imposteurs, n'ont jamais prêché de théories aussi absurdes et aussi contradictoires au bon sens.

En dépit de tous les critiques, nous dirons, avec Charles Richet : «Depuis 1875, les nombreux auteurs qui se sont adonnés à l'étude du magnétisme ont tous, je dis tous, sans aucune exception, tiré cette conclusion, que le somnambulisme est un fait indiscutable.»


1 Voir tous les procès-verbaux dans les cours de Magnétisme du baron du Potet.


2 Chapelier chez lequel Cazot était ouvrier.